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( Christian Noorbergen )

Corinne Bretel, ou la fièvre des profondeurs

Des îles d’étrangeté font territoires d’inquiétude, de secrets diffus, et d’infimes propositions graphiques. Corinne Bretel habite la rareté, la couleur ténue, et le geste allusif. Elle ose se perdre dans l’espace. Elle s’abandonne aux fragiles talismans qu’elle ose créer. Son art de singulière cartographe s’arrache aux pesanteurs, et s’allège des évidences culturelles. Elle saisit l’univers par le sol, par ses dedans, ses sources enfouies, et ses rêveries d’éternelle enfance. Elle ne craint pas la nuit d’origine, ni l’aigu des cicatrices mentales.

Art poignant et lent d’imprégnation mentale, de subtilités dessinées, d’entrelacs “chargés“ et d’âpres enchevêtrements formels. Au creux de cette ascèse picturale, Corinne Bretel, n’a pas besoin de brûlures colorées. Elle ignore la provocation chromatique. Elle utilise plutôt, comme les musiques d’Asie, toutes les modulations d’une valeur, comme autant de variations creusant la totalité d’une trame. En traces légères et fouillées, ses apparences de terre ancienne, de peau vieillie, et d’archaïque parchemin, envoûtent l’espace. Lents regards sur ces parcours d’inquiétude et de précarité. Denses couleurs souterraines et assourdies qui absorbent les contours, en masses profondes qui dématérialisent le monde. On dirait parfois d’intimes reliquaires d’âme. Et dans ces lieux sans fin et sans fond, la brutalité de la couleur, comme le sang, s’est retirée, laissant toute place possible aux exigences d’une infinie sensibilité, insondable et vive.

Les nus, lourds et puissants, sont d’outre-mémoire.

Les dessins fulgurent. Dessins d’implosion arrêtée. Détails de nature végétale dramatisés comme des traces humaines mises à nu. Et quasi sacralisés. Sidérantes traces noires et blanches comme la nuit de Nerval, à l’impact dur et cru.

Corinne Bretel a la fièvre des profondeurs. Et l’énigme croît.

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